samedi 17 janvier 2015

"Gemini" d'Adrien Gallo ou le Flashback vers les années 80's

Sorti en Novembre 2014, Gemini, d'Adrien Gallo, le chanteur des BB Brunes, possède la pochette sans doute la plus moche de l'année mais il n'empêche qu'il s'écoute bien, même très bien même, puisqu'il me donne envie de poster ici alors même qu'historiquement, je ne supportais pas les dits BB...
J'avais changé d'avis déjà sur ces baby rockeurs avec leur troisième album, Long courrier, qui se parait de synthés et abandonnait le son rock énervé pour ados de leurs débuts. Mais là, accompagné de la voix de sa petite amie Ella Waldmann sans jouer pour autant de sa plastique (elle se devine à peine sur la pochette...et n'est créditée que comme "voix féminine"), Adrien Gallo se la joue dandy bobo, distillant une pop sucrée matinée de new wave à la française, époque Jacno/Elli, Daho/Lio, et même Gainsbourg/Birkin, d'une voix nonchalante qui lui va à ravir.

Entièrement écrit et composé par lui, l'album, qu'il a aussi co-réalisé, commence par un Mea culpa enjoleur et ensoleillé où l'on entend très présents des choeurs réminiscents de la grande époque Joniece Jamison/Carole Fredericks/Yvonne Jones, même si là ils appartiennent à Tanya Michelle Smith, Kania Allard et Crystal Petit d'après les notes de la pochette. Voir la mer commence par une intro qui rejoue quasiment La fièvre dans le sang avant de s'en détourner et décliner des couplets moites et suaves de jeux de mots habiles autour de Casablanca que la voix fraîche et ingénue d'Ella Waldmann tranche sur le refrain. Comme son prédécesseur, le titre s'arrête net et aurait bien mérité plus de longueur...


Guanabara Bay assume son titre répété tout du long de son refrain chanté comme des choeurs tropicaux tandis qu'une guitare énervée rythme la chanson du début jusqu'à la fin mais c'est en plage 4 que l'on trouve le premier single qui m'a captivé malgré moi cet été et m'a donné envie de découvrir l'album. Monokini est un petit joyau de french pop rétro où l'innocence de la voix féminine répond habilement à la voix suave et chaude du chanteur comme au bon vieux temps des duos Gainsbarriens, où les jeux de mots et doubles sens affichaient plus qu'ils ne cachaient la moiteur de l'ambiance distillée par les trois minutes de pop à l'apparence légère. Adrien Gallo arrive ici à recréer un classique et j'applaudis, même le clip qui recréé l'ambiance video du Top 50 et la moue mains dans les poches à la Daho !
Déserteur continue dans l'inspiration sexy et se verrait bien troisième extrait tant il réussit à habiller de paroles classieuses (et très réussies) et à faire paraître romantique une chanson sur l'apologie du gougeat qui tire son coup et s'en va ;). Mine de rien, Adrien se costume en séducteur et ça fonctionne plutôt bien. Cornet glacé voit Adrien et Ella chanter de concert sur une musique sucrée très légère et très rétro. On se croirait presque revenu au temps des gendarmes à St Tropez et accompagner la fille de l'adjudant Cruchot draguer sur les paillottes de la plage ensoleillée.


Son plus dur pour l'intro guitare de Crocodile, second single et nouvelle pépite bien choisie pour représenter l'album, même si le titre est difficilement mémorisable dans cette chanson sans texte de refrain répété et répété. L'élément addictif du morceau, c'est l'ambiance et la mélodie californienne qui me donne l'impression, à chaque fois que je l'écoute et si je peux fermer les paupières, de me retrouver baigné de soleil, étendu sur la plage, chaud, détendu, bien, tout simplement. Ce titre est du bonheur en musique, voluptueusement nécessaire au bien-être et en dose quotidienne ;). Oslo qui suit souffre de la comparaison, jusqu'à ce que le refrain commence cependant, car quand Adrien Gallo décide de nous donner un vrai refrain, ça part en looping et mélodie ascensionnelle, sur fond de guitare accrocheuse.
Alors qu'Oslo nous en privait, Beaurepaire nous offre la voix d'Ella en solo sur la première moitié de la chanson, et elle sonne bien là comme une égérie qui aurait pu inspirer le grand Serge. Mais ce titre en duo donc est un peu trop calme, glacial même comparé aux moments chauds passés. Copacabana aurait dû y remédier sauf qu'il reste dans une ambiance doucereuse qui se réveille à peine à la fin, où la voix d'Adrien ose même monter haut dans les aigus.
C'était pour mieux nous préparer à l'apothéose de fin. Avalanches d'abord démarre à fond les cordes, amples et soyeuses, avant qu'Adrien sur fond de piano ne se la joue séducteur à nouveau. Ella s'occupe du refrain mais ça ne prend plus comme au début. Es-ce que je m'habitue ? L'album se termine par un Atlas qui s'étire en longueur (4'40 ! quand avant aucune chanson ne dépassait les 4') mais renoue avec la belle inspiration, tant au niveau des textes, jeux de mots, et de la musique, symphonique, grandiose, moins pop mais plus prenante encore.

Au final, c'est un album qui s'écoute du début jusqu'à la fin, comme un voyage onirique vers nos souvenirs et nos désirs à deux. Difficile d'y voir autant de titres radiophonique que de plages que comporte le CD, mais un peu comme la Chaleur humaine de Christine & The Queens a réussit à le faire, c'est un album qui s'apprécie au fur et à mesure et auquel on devient addict, à force.

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