vendredi 9 novembre 2012

Françoise Hardy, 50 ans de carrière et au meilleur de sa forme...

L'amour fou, le vingt-septième album studio de Françoise Hardy, fait renaître la chanteuse idole des années 60 au meilleur de sa forme. Court mais excellent, cet album de dix titres s'écoute d'une traite comme une bulle de poésie musicale, délicate et tristement romantique, nostalgique peut-être, et mélancolique, beaucoup, mais captivante surtout.
Cela faisait très longtemps que la chanteuse ne m'avait charmé à ce point. En fait, il me faut remonter aux années 80, aux temps de Partir quand même, Fais-moi une place et La sieste ou éventuellement de son duo de 1992 avec feu Alain Lubrano, Si ça fait mal. Mais là, les titres de L'amour fou s'égrainent et s'enfilent comme des perles les unes à la suite des autres sans que l'on puisse se distancer de la voix doucement berçante de la chanteuse intemporelle.


L'album commence avec un piano/voix très en avant qui pose les bases de tout l'album, porté aussi de très belles cordes, et cet étrange morceau qui donne son nom à l'album alterne chant et conversations empreintes de romantisme en voix parlée à la manière de Message personnel. A 2'31, le titre s'arrête bien trop vite ! Les fous de Bassan suit et prolonge le lent tempo en faisant la part plus belle encore aux orchestrations ouatées, et l'on s'imagine isolé dans une bulle de torpeur au milieu de la lande battue par les vents et le froid à regarder les éléments se déchaîner, la mer se fracasser contre les rochers et les oiseaux tourner dans le ciel. Surtout, l'écriture de Françoise Hardy se redécouvre si poétique qu'on pourrait se méprendre à croire ce titre être une mise en musique d'un poème de quelque autre auteur connu. Ce n'est pas -encore- le cas mais cela viendra bientôt...
Mal au coeur prend la relève avec un rythme plus chaloupé jazzy toujours donné par un piano très présent derrière la voix de Françoise. Vrai potentiel de single pour ce titre aux rimes presque toujours en "-eur", ce qui ajoute à son effet addictif. Si vous n'avez rien à me dire... est la chanson suivante et c'est là bel et bien une mise en musique d'un poème de Victor Hugo. Intense, prenante, et agréablement lancinante, cette version nous prend par la main et nous emmène avec elle pour suivre l'histoire contée par la toujours douce voix de cette grande dame de la chanson française. Deuxième et seul autre titre de l'album où Françoise Hardy n'a pas posé sa plume, Normandia est une chanson plus pop écrite et composée par Julien Doré, qui relève un peu le rythme de l'album, même si le refrain au piano bien appuyé
 reste encore du domaine du mid-tempo. C'est aussi la chanson la plus longue de l'album puisqu'elle s'étire quasiment jusqu'à cinq minutes, et c'en est presque trop en comparaison.
Piano-bar voit Alain Lanty prendre le rôle du pianiste compositeur pour une ambiance justement de piano bar enfumé aux lumières tamisées. Bien sûr, on n'imagine pas derrière son micro Françoise en robe lamée à paillettes échancrée dans le dos, mais plutôt juchée sur un tabouret haut près du piano, pour chantonner sa douce mélancolie aux convives. Pourquoi vous?  offre 
cette fois la partition à Calogero et la mélodie des couplets, très sautillante, sonne comme si l'on connaissait déjà la chanson, comme inspirée du patrimoine de Barbara. Le refrain, par contre, nous en éloigne en longues envolées planantes aux cordes sirupeuses et, encore une fois, le piano omniprésent confère à ce premier extrait en single une intensité et une proximité qui ne peut que nous toucher, au plus profond de nos émotions, à l'écoute de ce petit bijou.
Soie et fourrures s'éloigne quelque peu de l'ambiance globale du début de l'album pour donner un peu plus de corps à l'habillage sonore de ce nouveau titre de Thierry Stremler, à l'instar de L'amour fou et Mal au coeur. Le piano se fond plus dans la masse des cordes pour une orchestration plus musclée à soutenir la voix de Françoise Hardy sur un titre en effet plus enlevé. L'enfer et le paradis est le fruit d'une collaboration de Françoise avec Benoît Carré, et il me semble là bien reconnaître la moitié masculine du duo Lilicub (souvenez-vous, Voyage en Italie en 1996), et il plane comme une douce nostalgie, une mélancolie pétillante, sur ce titre, que je verrais bien illustrer à son tour l'album en radio. Mais c'est déjà l'heure de la fin avec le dixième titre Rendez-vous dans une autre vie, dont le texte justement est un clin d'oeil aux adieux. Musicalement, c'est le plus uptempo de l'album, avec une mélodie du refrain très accrocheuse qui nous donne envie de fredonner en choeur avec elle pour accompagner Françoise Hardy dans son titre au-revoir.


En conclusion, s'il peut paraître étrange de me voir m'exclamer sur un album de chanson française et aux BPM bien plus ralentis que d'ordinaire, je vous avoue que j'ai été le premier surpris : même s'il est vrai que j'ai toujours eu un faible pour elle, j'ai écouté les extraits de ce nouvel album juste par curiosité, mais sans m'attendre à en acheter le CD, d'autant que 10 titres, c'est plutôt court, surtout si l'on retire les titres plus faiblards d'un album pour n'en garder le meilleur, mieux vaut en avoir pas mal au départ... mais là, rien à jeter ! Tout l'album est en étroite cohésion. C'est un tout, un ensemble comme un condensé de que qu'est Françoise Hardy, sa carrière, sa vie, sa poésie. Car pour évoquer cet album ne me viennent que quelques mots encore et encore : délicat, poésie, doux, mélancolique. Ce CD est une petite oeuvre d'art à garder au creux de sa main de peur qu'on ne nous le vole, à moins de le faire partager, et c'est ici mon choix : tendez-lui une oreille et dites-moi s'il n'a pas un goût de revenez-y !

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