samedi 5 février 2011

Rien (de mal) à déclarer

Annoncé par certains comme un Bienvenue chez les ch'tis 2, démoli par la critique élitiste (Libé, le Figaro, le Monde) mais applaudi par la presse grand public (Paris Match, journaux TV), Rien à déclarer, le nouveau film "de" Dany Boon (écrit, réalisé et interprété) n'était pas forcément un film pour lequel je me sentais obligé d'aller en salle obscure. En effet, à part certaines comédies romantiques, c'est plus les films de science-fiction qui me font aller au cinéma.


Après avoir vu la bande annonce, et me souvenant avoir adhéré à 200% à ses Ch'tis, je savais que j'irai pour me rendre compte sur pièce. Ayant un dernier ticket de ciné prépayé via mon CE valable jusqu'au 1er février, veille de la sortie nationale du film, je sautais sur l'occasion de réserver ma place le Mardi soir pour l'avant première à mon CGR après le boulot et attendais impatiemment le générique de début dans une salle à moitié remplie ; pas de délire style Star Wars donc en Bretagne pour cette "suite" du raz-de-marée ch'ti.

Après cinq minutes de générique et être passé de 1986 à 1993, commença vraiment l'histoire de ce film qui est bien une comédie, mais se basant sur une trame historique (la disparition des douanes frontalières en Europe suite au traité de Maastricht) pour dénoncer avant tout le racisme et lutter contre les préjugés, avec une histoire d'amour à la Roméo et Juliette comme argument principal et un petit trafic de drogue comme fil policier ; un joli méli-mélo quoi.


Mais toutes ces lignes directrices du scénario permettent de construire un canevas sur lequel Dany Boon a ciselé de l'action et des dialogues comiques au milieu des autres messages qu'il fait passer dans son film, et côté personnage, c'est Benoît Poelvoorde qui récupère la principale part du gâteau : tour à tour attendrissant, détestable et génialement comique, son personnage tout dans l'excès francophobe (mais xénophobe avant tout) et zélé porte le film sur ses épaules. Dany Boon est l'autre pilier du duo comique à l'affiche mais il n'est que le faire-valoir du comique de Poelvoorde : si le français joue le rôle de l'Auguste en amoureux éconduit se sacrifiant pour sa belle, c'est le belge qui arbore un gros nez rouge et fait crouler de rire les spectateurs avec ses excès et ses réparties. On n'est pas plié en deux tout du long mais on rit à gorge déployée toutes les cinq minutes au moins sans que les ficelles soient trop grosses ou trop grasses.

Tout le talent du film réside dans le fait qu'il arrive à rendre attachant et drôle le rôle du douanier belge, qui, par ses positions et propos, est un personnage plus détestable encore que les traficants de drogues, eux plus pathétiques qu'autre chose. A ce propos, Bruno Lochet est à mourir de rire dans son rôle de passeur de drogue débile. Autre second rôle impayable, le petit belge qui monte que j'avais adoré dans L'arnacoeur, François Damiens, à nouveau dans un rôle de beauf bas du front et mari de Karin Viard, excellente en glaciale tenancière de bar-resto prête à tout.


Le casting est donc bien mené, et l'on se prend au jeu, on a le coeur qui bat pour Dany Boon et ses amours impossibles, on a le coeur retourné quand Poelvoorde sort son flingue ou débite ses horreurs au kilomètre, mais on a le coeur qui fond quand il se la joue attachant et poète avec son fils en duo... (magnifique gamin, Joachim Ledeganck !) ou quand surgit le chien (adorable!) pisteur de drogue.

Je ne vais pas en raconter plus. Ce film mérite d'être vu, et pas par ceux qui ont aimé les Ch'tis. Juste par ceux qui veulent passer un bon moment en salle obscure. Et ne vous attendez pas à entendre du ch'ti pendant 1h40. Juste un peu d'accent belge, une fois ! Je rajouterai quand même que Dany Boon rend hommage ouvertement par moment à des classiques du cinéma français ; à un moment, leur duo fait penser à celui du Corniaud. A un autre, on se croirait dans un pastiche belge de Taxi, tout en restant du Dany Boon, avec sa patte humaine, populaire et pas élitiste sans être bas de gamme pour autant.


Et pour ceux qui voudraient en savoir plus comme pour ceux qui veulent prolonger le plaisir en attendant la sortie DVD, le film a été adapté lui aussi en BD et l'histoire y a été presque intégralement mise en image avec les dialogues principaux sous bulles. Vu le potentiel comique, du texte comme de l'histoire, la BD tape dans le mille une seconde fois.

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